L'entrepreneuriat au Québec : Entre rêve et réalité
Naviguant entre une fiscalité élevée et un fardeau administratif considérable, l'entrepreneur québécois fait face à un parcours semé d'embûches. Cet article explore la réalité de l'entrepreneuriat au Québec, où le rêve entrepreneurial se heurte souvent à une réalité complexe.
Au cœur de l’Amérique du Nord, le Québec se distingue par son esprit innovant et sa culture unique. Cependant, être entrepreneur dans la Belle Province est loin d’être un long fleuve tranquille. Les défis sont nombreux et, souvent, la route vers le succès est semée d’embûches.
Récemment, un article paru dans La Presse a mis en lumière le déclin de l’entrepreneuriat au Canada, soulignant les nombreux obstacles que rencontrent les entrepreneurs, notamment au Québec. De la lourdeur administrative à la pression fiscale, en passant par un écosystème entrepreneurial peu soutenant, les conditions semblent loin d’être idéales.
Un fardeau administratif record
Le Québec est bien connu pour sa réglementation stricte et son fardeau administratif. Le journaliste Patrick Lagacé l'a récemment qualifiée de ''goulag bureaucratique'' dans son article la bureaucratie soviétisante du Québec. Cette triste réalité se traduit en frein majeur à l’entrepreneuriat. Des permis, autorisations, règlements, mesures aux multitudes de rapports à soumettre, la bureaucratie est non seulement un labyrinthe, mais également une barrière d’efficacité déconcertante. Cela impose aux entrepreneurs une charge de travail supplémentaire, leur demandant de consacrer un temps précieux à naviguer dans les méandres administratifs plutôt que de se concentrer sur leur croissance.
Championne de la fiscalité
En termes d'impôts, le Québec ne fait pas figure d’exception en Amérique du Nord: les québécois sont les plus taxés en Amérique du nord. C’est ce qui ressort notamment du «Panorama des finances publiques du Québec» de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques (CFFP) de l’Université de Sherbrooke. Cette pression fiscale peut décourager l’initiative individuelle, surtout lorsque les entrepreneurs comparent leur situation à celle d’autres provinces plus clémentes sur le plan fiscal. L’impact est direct sur la trésorerie des entreprises et leur capacité à investir dans leur développement. Le québec est par ailleurs un bel exemple du principe de la courbe de Laffer en action, où des taux d'imposition élevés entraînent une propension accrue à l'évasion fiscale et à la fraude, sapant ainsi l'efficacité des recettes fiscales attendues et potentiellement décourageant l'investissement et le travail dans la province. Quel québécois ne s'est pas fait offrir de ''sauver les taxes'' en payant sa facture cash...
Une culture entrepreneuriale en question
L’article de La Presse évoque également le manque de compétences comme frein à l’entrepreneuriat. Mais ce manque de compétences est aussi le symptôme d’un écosystème qui ne favorise pas suffisamment l’accompagnement et le mentorat. Au Québec, nombreux sont les entrepreneurs qui apprennent par « essais et erreur », une méthode certes formatrice, mais qui peut se révéler coûteuse en temps et en ressources.
L’absence d’un réseau de soutien solide est un autre écueil. Sans mentorat adéquat, sans communautés d’affaires dynamiques, sans réseaux d’entraide, l’entrepreneur québécois peut se sentir isolé et démuni face aux défis quotidiens de son entreprise.
Plusieurs défis à surmonter
- Concurrence mondiale: Les entrepreneurs du Québec doivent rivaliser sur une scène mondiale où l'innovation et les ressources sont abondantes. Ils doivent se distinguer par leur créativité et leur capacité d'adaptation.
- Financement: L'accès au capital demeure un obstacle majeur, surtout pour les startups qui n'ont pas encore de chiffre d'affaires significatif ou de garanties pour obtenir des prêts traditionnels.
- Ressources humaines: La pénurie de main-d’œuvre touche également le secteur entrepreneurial. Trouver et retenir des talents qualifiés est une préoccupation constante pour les entrepreneurs cherchant à faire croître leur entreprise.
- Réglementations: La navigation dans le cadre réglementaire peut être complexe, en particulier pour les entreprises qui cherchent à s'étendre au-delà des frontières provinciales ou internationales.
Vers un changement de paradigme
La situation n’est pas irréversible. Une récente étude de la BDC et l’Université de Montréal propose des pistes de solutions, comme la formation continue, le mentorat et le développement d’un réseau solide. Il est impératif de construire une infrastructure solide autour de l’entrepreneur pour lui permettre de développer les compétences essentielles à la réussite de son projet.
Il est également crucial de travailler sur l’allègement du fardeau administratif et de repenser la fiscalité pour la rendre plus favorable à l’entrepreneuriat. De telles mesures pourraient libérer le potentiel des entrepreneurs québécois et stimuler une nouvelle vague de créativité et d’innovation.
Conclusion
Le défi est de taille, mais pas insurmontable. Le Québec a besoin d’entrepreneurs audacieux, soutenus par un environnement qui encourage plutôt que de décourager l’innovation et la prise de risque. Il est temps de repenser l’écosystème entrepreneurial et de mettre en place des mesures concrètes pour favoriser l’émergence et le soutien des entrepreneurs. Ce n’est qu’avec un cadre rénové et un soutien renforcé que l’entrepreneuriat québécois pourra connaître une renaissance et contribuer pleinement à l’économie de la province et au-delà.